À la séance du conseil municipal de Saguenay, mardi dernier, on se serait cru à une pièce de théâtre de Robert Lepage, du moins sur le plan de la durée. Parce que, une séance du conseil qui dure 4 h 23, ça fait très longtemps qu’on a vécu ça à Saguenay.

Mais elle ne passera pas à l’histoire que pour sa longueur. D’abord parce que la mairesse, Julie Dufour, a dû décréter une suspension d’assemblée. Une première depuis belle lurette à Saguenay. Une pause d’une heure d’où elle n’est pas revenue, laissant sa chaise de mairesse à son responsable des finances Michel Potvin.

Ensuite (et c’est ce qui expliquerait que Mme Dufour ne soit pas revenue à la salle du conseil à la reprise de l’assemblée durant la pause), elle aurait appris de la bouche de la ministre des Affaires municipales, la députée de Chicoutimi Andrée Laforest, que son ministère attribuait un nouveau vérificateur général à Saguenay. Une première aussi dans la petite histoire de la ville fusionnée. Une imposition ministérielle qui laisse une impression de laisser-aller fort désagréable pour les membres du conseil de ville.

Rapport accablant

Saguenay n’avait plus de vérificateur général depuis le départ à la retraite de Sylvie Jean en avril 2022.  La ministre avait imposé un ultimatum à Saguenay, rappelant que la loi sur les cités et villes oblige les municipalités de 100 000 habitants et plus à embaucher un vérificateur général. La mairesse Dufour ne semblait pas réticente à ce que la ministre procède à la nomination d’un vérificateur.

L’ex-vérificatrice générale a laissé derrière elle un rapport accablant, notamment en ce qui concerne la Société de transport du Saguenay. Ce qui a contribué au congédiement du directeur général, Jean-Luc Roberge, et à des changements au sein du conseil d’administration.

Une intervention bienvenue

Cette annonce de la ministre en a surpris plusieurs, compte tenu de toutes les démarches entreprises par la ville pour trouver un successeur à Mme Jean. Un chasseur de têtes embauché par la ville aurait rencontré des centaines de candidats, sans résultat. Pourtant, une fois que la ministre eut prévenu la ville de procéder à une embauche, sinon elle le ferait elle-même, tout de suite un candidat est venu déposer sa candidature.

Cette intervention a quand même bien servi la longue et tortueuse séance du conseil municipal en prenant presque tout l’espace médiatique. Cependant, elle n’a pu faire oublier les dissensions qui ne cessent de se manifester au sein de ce conseil. Pourtant, la direction générale essaie par tous les moyens de ramener l’unité au sein du conseil, même la coercition.  

Conseillers mis au pas

Récemment, on a embauché un spécialiste de Montréal pour préciser leur rôle aux conseillers comme aux cadres de la ville de Saguenay. Il s’agissait, selon la mairesse Dufour, de mieux répondre aux défis actuels et futurs.

Toute une journée au cours de laquelle l’expert a rappelé entre autres aux conseillers de ne pas intervenir directement auprès des fonctionnaires. On les veut discrets à la remorque des directives de l’administration municipale.

Si l’on en juge par les interventions parfois cavalières entre les élus à l’occasion du dernier conseil de ville, il est clair que les conseillers n’ont pas apprécié leur journée intensive, qui selon certains, frisait l’intimidation.

Si c’est la façon de voir la modernisation de la direction générale, on connaît mal la force de caractère de nos conseillers municipaux.