Depuis quelques semaines un dossier, qui semblait enfoui sous la poussière de l’actualité régionale, refait surface en pleine campagne électorale de cette petite municipalité de la ceinture du Lac-Saint-Jean. Desbiens, qui compte à peine 1 000 habitants, subit les foudres de la ministre des Affaires municipales qui met son poing sur la table et demande des comptes pour ces déficits récurrents qu’on n’arrive pas à résorber.
Desbiens, sortie de l’ombre en 2018 en présentant le Championnat mondial de pétanque, a fait également la manchette en 2021 dans une poursuite contre la station CKAJ. Une affaire qui s’est conclue par une entente hors cours. Aujourd’hui, Desbiens revient sur la sellette alors que la ministre régionale, André Laforest, délègue un observateur spécial chargé de faire la lumière sur la situation des finances.
Des noms reviennent
Même s’ils ont quitté la région depuis quelques années, les acteurs de l’époque semblent une fois de plus ciblés par la démarche ministérielle. Le nouveau directeur général de Desbiens, Mathieu Simard, qui a tenté de toutes les façons possibles de redresser la situation, ne cesse d’accumuler ce qu’il identifie lui-même comme des aberrations dans les finances de la municipalité. Certaines dépenses, constate-t-il, auraient été faites sans l’approbation des membres du conseil.
Des rapports de firmes comptables externes soutiendraient que la municipalité de Desbiens ne respecte pas les normes comptables. En plus de la croissance de la dette annuelle, Desbiens aurait accumulé, selon le directeur Simard, plusieurs autres dettes notamment pour la construction d’un dôme sportif et le prolongement d’un réseau d’aqueduc.
Des subventions escomptées
Le maire de l’époque, Nicolas Martel, comptait sur une participation financière du gouvernement fédéral pour financer une partie du Championnat mondial de pétanque. Sans en avoir l’ultime confirmation des paliers de gouvernement concernés, il a lancé le projet.
Mais voilà, à Desbiens, le gouvernement fédéral n’a pas avancé la subvention escomptée. Le député fédéral de cette circonscription à l’époque, Richard Hébert, a soutenu que la demande présentée par le maire Martel n’était pas conforme.
Prêts bancaires
Les emprunts contactés par les villes doivent être soumis à l’approbation du gouvernement du Québec. Vu l’endettement significatif de la municipalité, l’administration municipale de Desbiens aurait préféré emprunter directement à la banque à des taux beaucoup moins avantageux plutôt que par règlement d’emprunts, soutient encore Mathieu Simard.
Il faut savoir que les règlements d’emprunt des villes doivent être soumis, par avis de motion, à la population avant l’adoption officielle. Une mesure assurant la transparence et s’inscrit dans le processus démocratique. Mais sur le plan pratique, le règlement d’emprunt offre de nombreux avantages dont celui d’étaler l’emprunt sur plusieurs années. En passant outre cette forme d’emprunt, l’administration municipale de l’époque aurait contrevenu à la loi selon les prétentions du nouveau dg.
On peut d’ores et déjà se rendre compte que la tâche de l’observateur n’a rien à voir avec une simple vérification d’usage. Son enquête mènera à un rapport qui devrait occuper la réflexion des quatre candidats en lice à Desbiens, mais aussi celle de tous les citoyens que la politique municipale intéresse.
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