Tout près d’un an après l’arrivée à l’hôtel de ville de Saguenay de la nouvelle administration municipale, des citoyens se regroupent pour demander des comptes à la mairesse et à ses conseillers. Parce que même si la mairesse, Julie Dufour, se fait rassurante, tout ne tourne pas rond à l’hôtel de ville et mettre la faute sur le taux d’inflation ne suffira pas à expliquer les déboires financiers auxquels fait face l’administration en place.
Pendant que le grand argentier du comité des finances (le conseiller Michel Potvin) scrute les fonds de tiroir - retirant au passage des montants votés pour des infrastructures de secteurs - on apprend que Mme Dufour engage des firmes de l’extérieur pour la conseiller, embauche un nouveau directeur général pour seconder celui déjà en place et lance à grands frais des avis pour obtenir des avis. Plus est, on vient de décider d’écarter les contractuels du déneigement pour engager 45 nouveaux employés à Saguenay. On n’est plus dans la réduction des dépenses, on jette l’argent par les fenêtres.
Chicoutimi floué
Récemment, au conseil d’arrondissement de Chicoutimi, le citoyen, Jean-Charles Dubé, s’est présenté devant des conseillers médusés, pour leur faire connaître ce qui apparaît comme une évidence pour les payeurs de taxe de l’arrondissement : leurs intérêts ne sont pas pris en compte à l’hôtel de ville parce qu’aucun des élus chicoutimiens n’ose les défendre publiquement.
Il cite entre autres en exemple le Carrefour Racine, le terrain du Deauville, la zone ferroviaire et la suite de sa liste quand même impressionnante. Il aurait même pu ajouter « que se trame-t-il depuis deux ans au coin de Talbot et Chabanel? » Et par-dessus tout, M. Dubé aimerait qu’on explique aux citoyens de l’arrondissement pourquoi le plan triennal voté cette année ne prévoit que 200 000$ pour le centre-ville sur les 10 M$ accordés pour cette période?
Transparence?
Quant au groupe d’Unissons Saguenay, il est préoccupé par la question de transparence. On ne transmet plus les rapports comme celui de Comité de liaison économique et les séances des différents comités, selon le chef Claude Côté, devraient devenir publiques.
Quand la mairesse Dufour siégeait autour de la table à titre de conseillère, elle ne cessait de réclamer à l’administration Tremblay et Néron de la transparence. Elle en avait fait son arme favorite pour se démarquer de ses collègues à la table du conseil de ville.
Silence radio
Comment alors expliquer ce silence radio de nos conseillers autrement que par la crainte de perdre certains avantages auprès de la mairesse comme des décisions relatives aux projets destinés à leur secteur? Bien rémunérés, certains conseillers gagnent plus avec ce travail à temps partiel que ce qu’ils gagnaient en travaillant à temps plein, les élus craignent fort probablement que de revendiquer trop haut et fort pourrait les désavantager pour obtenir la charge de comités ou de commissions et éventuellement d’autres mandats à la table du conseil.
En compétition avec le privé
En pleine période inflationniste et de rareté de la main d’œuvre, l’administration municipale lance une campagne pour embaucher de nouveaux employés, entrant de plein fouet en compétition avec le secteur privé. Parce qu’il n’y a pas beaucoup d’entreprises privées, excluant sans doute Rio Tinto, qui puissent rivaliser sur le plan des conditions de travail avec les conventions collectives municipales.
Des salaires parmi les plus élevés de toutes les fonctions publiques au Canada et entre autres choses, des fonds de pension garantis à vie. Essayez de trouver des entreprises privées qui donnent le droit à leurs employés de prendre deux jours de congé de maladie par semaine, en autant qu’ils ne soient pas consécutifs… Pas étonnant que le citoyen ait du mal à joindre les fonctionnaires le lundi et vendredi…
De toute évidence, l’administration municipale n’avait pas pris conscience de l’état des finances en décrétant un budget sans augmentation de taxe à son arrivée au pouvoir. Le rattrapage pèsera lourd dans les poches des contribuables. Les pêcheurs sur glace en ont fait les frais dernièrement et il ne s’agit qu’un début. Des citoyens se lèvent aujourd’hui pour demander des comptes. On n’accepte pas l’excuse de l’inflation comme unique responsable de la dérive des finances publiques.
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