Un observateur du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation tentera d’y voir plus clair dans les finances de la Ville de Desbiens. C’est que depuis 2017, la municipalité d’à peine 1 000 habitants a accumulé un déficit de 785 000 $ pour ses opérations courantes et une dette de 1,1 M$ pour la réalisation de projets particuliers.
L’observateur aura libre accès aux livres comptables de la municipalité ainsi qu’à tout autre document qu’il jugera nécessaire d’examiner, indique le directeur général de Desbiens, Mathieu Simard.
L’observateur ira à la rencontre des conseillers municipaux au cours du mois d’octobre, après quoi il s’entretiendra avec le directeur général. Son mandat, résume Mathieu Simard, « sera de faire un état de la situation des finances de la Ville pour faire un compte rendu à la ministre ». L’observateur aura environ 12 semaines pour écrire son rapport.
À la bonne heure
Quoi qu’il en soit, Mathieu Simard voit d’un bon œil la venue de l’observateur.
« Je suis très content qu’il vienne, même que je me demande comment ça se fait que le Ministère n’en a pas envoyé un plus tôt. Le déficit ne date pas uniquement de 2021, ça fait plusieurs années qu’il s’accumule. »
Directeur général depuis moins d’un an, Mathieu Simard n’a pas eu besoin de plus de temps pour constater « plusieurs aberrations » dans les finances de Desbiens. En épluchant les rapports financiers de la municipalité, il dit notamment avoir remarqué « des dépenses majeures faites sans l’approbation du conseil ».
Il ajoute que « ça fait au moins deux ans que des comptables d’une firme externe disent qu’ils ne sont pas capables de faire le rapprochement entre le montant de certains salaires et ce qu’ils voient dans les papiers, qu’ils ne comprennent pas pourquoi il y a des employés qui se sont versés du salaire en trop. »
Une situation qu’il a trouvé plutôt surprenante. « En gros, ça fait au moins deux ans que des rapports de recommandation externes disent que Desbiens ne respecte pas les normes comptables. Quand je suis arrivé, je me doutais que ça allait mal, mais pas que ça avait atteint cet ampleur-là. »
Dette de 1M$ pour des projets
Desbiens a par ailleurs accumulé plusieurs autres dettes dans le cadre de la réalisation de projets, notamment pour la construction d’un dôme sportif et pour le prolongement du réseau d’aqueduc vers le secteur de la Villa des Érables.
À eux deux, ces projets totalisent une dette dépassant 1M$. Leurs coûts doivent maintenant être remboursés à partir de prêts bancaires faits à des taux « beaucoup moins avantageux », soutient Mathieu Simard. Il précise que les projets ont été financés sans règlement d’emprunt, ce qui contrevient à la loi et court-circuite le processus démocratique.
« Premièrement, un règlement d’emprunt, ça permet à la population de se prononcer sur un projet. Deuxièmement, ça permet à une ville de répartir les charges sur plusieurs années quand elle n’a pas tous les sous nécessaires pour réaliser le projet dans sa caisse. »
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