Un ménage locataire sur cinq de Saguenay consacre une part trop importante de ses revenus pour se loger. Les personnes vivant seules et les femmes sont principalement touchées.
C’est ce qui se dégage de nouvelles données tirées du recensement de 2021 dévoilées par Loge m’entraide et le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). Les deux organismes réclament plus de logements sociaux pour venir à bout de la crise du logement.
« En 2021 souligne la coordonnatrice de Loge m’entraide Sonia Côté, malgré un dopage temporaire des revenus grâce aux transferts gouvernementaux durant la pandémie, 5230 locataires consacraient plus de 30% de leur revenu pour le loyer avec un revenu annuel moyen de 22 000 $. Parmi ces locataires, 1665 devaient consacrer 50% de leur revenu pour payer leur logement avec un revenu moyen aussi bas que 13800 $. On se demande comment ils arrivent à survivre dans une situation aussi précaire. »
La coordonnatrice de Loge m’entraide ajoute que parmi tous les locataires de Saguenay, les personnes seules sont très nombreuses.
« Il y en a 15 160 et 30% d’entre-elles, soit 4500, consacrent plus de 30% de leur revenu au logement. Si rien n’est fait, ça ne va pas aller en s’améliorant. Le plan d’action en habitation annoncé par la ministre France-Élaine Duranceau doit tenir compte de la réalité particulière des locataires à faible revenu pour qui il est de plus en plus difficile de trouver un logement décent qu’ils sont capables de se payer sur le marché privé. »
De son côté, la porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme, a souligné que les locataires de la région sont beaucoup plus pauvres que la moyenne provinciale.
« Ils ont un revenu médian de 7600 $ inférieur à ceux de l’ensemble de la province. Les ménages locataires ayant une femme à leur tête ont un revenu médian de 36 800$. C’est très peu. Les femmes qui travaillent sont moins payées que les hommes et celles qui sont âgées sont souvent restés à la maison et se retrouvent seules avec un petit revenu. Les femmes, c’est le visage de la pauvreté. »
À une semaine de la mise à jour économique du Québec qui sera suivi d’un budget, le FRAPRU et Loge m’entraide ont demandé au gouvernement d’investir massivement dans le logement social et de mettre en place un programme qui fonctionne pour les réaliser. Ils ont aussi rappelé que l’Assemblée nationale a voté unanimement une motion au sujet de l’entente de principe entre Ottawa et Québec pour consacrer entièrement les 1,8 milliards découlant de cette entende à du logement social.
« Pour répondre aux besoins les plus urgents affirme Véronique Laflamme, le logement social est plus que jamais une nécessité. Il s’agit de la seule formule permettant d’assurer aux locataires à faible et modeste revenus d’avoir un logement qui réponde réellement à leur capacité de payer. Non seulement ça prend des objectifs de développement du logement social beaucoup plus ambitieux, sur plusieurs années, mais le gouvernement doit le faire via un programme gouvernemental dédié au logement social fonctionnel, pérenne et suffisamment financé. »
Sonia Côté espère que le projet de coopérative d’habitation La Solidarité sera retenu dans le 2e appel de projets du Programme habitation Abordable Québec qui a été déposé à la Société d’habitation du Québec le 22 septembre dernier. Il faudra cependant plusieurs autres projets de logements sociaux selon elle pour loger décemment les locataires à faibles et modestes revenus de la région.
« On attend une réponse avant Noël et on dévoilera bientôt le nouveau résultat de notre campagne de dons. En passant, ce n’est pas normal qu’on se batte durant 10 ans et que des campagnes de dons successives soient nécessaires pour financer du logement social. »
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