La dernière séance du grand conseil de ville de Saguenay laisse des traces. Toute vérité n’est pas bonne à dire, mais le conseiller Jean-Marc Crevier assoie sa réputation sur son franc-parler et il n’y est pas allé de main morte pour faire connaître sa désapprobation à la décision de la mairesse, Julie Dufour, d’évincer le collègue conseiller, Michel Tremblay, de l’important conseil exécutif.
Argument discutable
Ce qui a donné lieu à une joute verbale épique entre les conseillers, Kevin Amstrong, défenseur de la décision de la mairesse et Jean-Marc Crevier qui soutient Michel Tremblay.
Un échange verbal qui pousse la mairesse à chercher dans son récent passé du renfort pour justifier l’honnêteté de ses décisions. Elle déclare tout de go qu’elle siège autour de la table du conseil depuis bientôt dix ans et qu’à son arrivée elle a mis son salaire de conseiller municipal en jeu pour livrer la bataille de la venue d’une vérificatrice générale. Elle fait allusion à la lutte qu’elle a menée, comme conseillère pour refuser la nomination de Mme Sylvie Jean à titre de VG, la candidate suggérée par le maire de l’époque Jean-G-Tremblay.
Investissement profitable
Mme Dufour s’est effectivement fait connaître des citoyens en s’opposant à cette nomination même si, Mme Sylvie Jean, responsable des achats à Saguenay, est reconnue par tous ses pairs pour sa probité et sa rigueur.
Mais, Mme Dufour n’en voulait pas. Le débat s’est étiré jusqu’à ce que le ministère des Affaires municipales s’en mêle et nomme lui-même un vérificateur différent du choix de l’administration en place.
Cette saga a poussé la conseillère Dufour sur l’avant-scène et cette notoriété l’a menée au siège de la mairie. Mais, qui croyez-vous qu’elle a choisi quand le mandat de quatre ans du VG a pris fin? Nul autre que celle qu’elle s’était entêtée à rejeter de quelques années plus tôt, Mme Sylvie Jean.
Élément déclencheur
Coquin de sort, c’est le rapport de cette dernière qui a contribué au congédiement du directeur général de la Société de transport de Saguenay (STS), Jean-Luc Roberge et déclencher cet épisode rocambolesque. Un rapport que d’aucuns trouvent sévère, voir dévastateur, mais qui touche l’ensemble des administrateurs de cette société financée en grande partie par la ville de Saguenay.
Pour satisfaire aux recommandations du rapport de la VG, le CA de la STS congédie son directeur général. La décision, quoique spectaculaire, ne couvre qu’une partie des observations de la vérificatrice. Mais les témoignages devant le Tribunal administratif laissent planer des doutes sur la probité de certains membres du CA, dont Michel Tremblay. Ce dernier se sent dans l’obligation de démissionner.
La mairesse saisit l’occasion de le pousser à la porte du Comité exécutif. Ce que le conseiller Jean-Marc Crevier a dénoncé publiquement au dernier grand conseil de ville et occasionné l’empoigne verbale avec son collègue Amstrong.
Vers une opposition
Par ailleurs, la décision de tasser cavalièrement le conseiller de Saint-Paul laisse l’arrondissement de Chicoutimi sous-représenté par rapport aux deux autres arrondissements. Les représentants de Chicoutimi proposaient de remplacer Michel Tremblay par Mireille Jean, mais la mairesse n’en voulait pas autour de cette table décisionnelle. Elle lui préfère plutôt le nouveau venu, Jean Tremblay de La Baie, mais non sans avoir tenté de convaincre d’autres conseillers comme Jacques Cleary et Marc Bouchard qui ont refusé. Sans doute assistons-nous au début d’une coalition chicoutimienne liguée contre la mairesse. Michel Potvin n’en fait pas partie; il reste fidèle à la mairesse, mais il se pourrait que Jean Marc Crevier se joigne au groupe complété par Mireille Jean, Jacques Cleary, Serge Gaudreault, Michel Tremblay et Marc Bouchard. On peut certainement prévoir que la deuxième moitié de ce premier mandat sera moins paisible que la première.
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