Depuis quelques années, une recrudescence du nombre d’intoxications impliquant des substances nommées « drogues du viol » est observée. Que ce soit dans les bars, dans un festival ou auprès d’une connaissance ou d’un proche, ce fléau semble prendre de l’ampleur au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Par contre, les statistiques sur ce phénomène semblent inexistantes.
Le porte-parole du Service de police de Saguenay (SPS) Hervé Berghella reconnaît la forte hausse du nombre d’intoxications. « Juste la semaine dernière, il y a eu un nombre de dénonciations de crime de cette nature qui m’a fait sursauter. Malheureusement, ces comportements existent encore en 2024 », mentionne-t-il.
Ce phénomène amène à se pencher sur les ressources mises à dispositions pour les victimes, mais, plus encore, sur le processus pouvant mener à sévir contre les personnes commettant ces actes criminels. Avec l’augmentation de l’utilisation de ces drogues sont apparues de nouvelles méthodes. On ne parle plus seulement de droguer un verre. Dans les dernières années, les injections par piqûre ont fait leur apparition. Pour les victimes, fournir des preuves de l’intoxication afin de porter plainte ou tout simplement aller chercher de l’aide représente une expérience ardue.
« Les drogues du viol se diluent très rapidement dans le sang, donc il est important de rapidement se faire tester. Toutefois, certaines personnes peuvent ressentir des effets secondaires près d’une semaine après avoir été droguées. Un manque de concentration, une anxiété excessive et un sentiment de honte, les personnes n’ont pas nécessairement les facultés pour prendre des décisions éclairées », lance Jessie Balthazar, intervenante pour le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS).
Éducation
Pour des organismes comme le CALACS, la solution à ce fléau passe par l’éducation des prochaines générations. « On doit se demander collectivement : qu’est-ce qui est fait en termes de prévention envers les personnes qui commettent ces gestes? Le consentement, ce n’est pas inné. Plus on éduque sur la sexualité, plus on augmente les facteurs de protection pour réduire ces comportements », mentionne Jessie Balthazar.
Depuis décembre dernier, toutes les salles d’urgence du Québec offrent des trousses de détection de GHB. Des campagnes de sensibilisation auprès de tenanciers de bar ont également été effectuées à travers la province et de plus en plus d'établissements offrent ces trousses.
Victimes
Les femmes représentent la forte majorité des victimes de drogue du viol. En plus de porter le fardeau de « faire attention » en tout temps, les victimes doivent, une fois le crime commis, porter les séquelles psychologiques et physiques de ces événements.
« On remet trop souvent la responsabilité sur la victime. Les cache-verres ou encore les tests de dépistage pour le GBH sont des choses qui ne sont pas mauvaises en soi, mais qui remettent encore une fois la responsabilité sur la victime. Il y a un sentiment de honte du côté des victimes qui se disent : j’aurais dû mieux surveiller mon verre. Ce n’est pas normal », ajoute-t-elle.
« Quand on parle de ces substances, on oublie trop souvent que l’alcool est la drogue du viol le plus répandu et banalisé. À partir du moment où tu utilises une substance avec l’intention d’en arriver à une relation sexuelle, on parle de drogue du viol », poursuit l’intervenante.
Pas de statistiques
Autant les services de police de la région que le centre intégré universitaire (CIUSSS) se sont montrés avares de commentaires quant aux nombres d’incidents liés à la drogue du viol. Les deux organisations ont évoqué « un manque de statistiques précises » à ce sujet. Difficile alors de savoir comment ces dossiers sont reçus et traités au sein du système.
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