Les citoyens ont sans doute quelques idées intéressantes pour l’aménagement de la zone ferroviaire de Chicoutimi, mais les professionnels experts en la matière n’en ont rien à cirer. Aucun d’entre eux n’a répondu au premier appel d’offres de la ville de Saguenay et l’administration municipale s’entête à poursuivre par un second appel d’offres…du jamais vu.
Ce ne sont pas les compétences qui manquent pourtant dans le domaine dans notre région. La réticence de nos fournisseurs de services professionnels s’explique beaucoup plus par la complexité du contenu des devis. Les firmes concernées doivent libérer une ressource à plein temps pour remplir un carnet de données souvent farfelues et inutiles.
Faire compliqué
Nos fonctionnaires ont développé au fil des ans des méthodes douteuses afin de transformer les choses simples en projets compliqués. Prenons cet exemple tiré de cet appel d’offres numéro 2022-367 titré : « Services professionnels pour l’élaboration d’un concept d’aménagement sur le site de l’ancienne zone ferroviaire ».
On demande au fournisseur de réaliser un processus participatif auprès de la population pour s’assurer de l’acceptabilité du projet. C’est précisément ce qui a été fait en 2019: une consultation publique où près de 2000 personnes ont conclu qu’il fallait aménager ce vaste espace pour la pratique d’activités sportives et culturelles, construire des logements à prix abordable et créer un espace vert.
C’est clair qu’on ne veut plus entendre parler de ces recommandations. Et pour les enterrer pour de bon, on présente un autre appel d’offres sous prétexte que le site a changé d’orientation. Même qu’on avise l’éventuel mandataire de ne pas créer de redondance tout en demeurant en continuité avec les consultations déjà réalisées. Vaste projet qu’il vaudrait mieux confier à un magicien.
Défi insoutenable
On demande aux fournisseurs de présenter trois options de concept d’aménagement, mais sans garantie que l’une d’elles sera retenue. Peut-on se surprendre que des firmes sérieuses demeurent froides à l’idée de se lancer dans une pareille aventure? Déjà qu’elles doivent conjuguer, elles aussi, avec une rareté de la main-d’œuvre et que leurs spécialistes sont déjà absorbés par des réalisations plus concrètes. Bref, elles ont d’autres chats à fouetter et de toute évidence, nos administrateurs municipaux le savent.
Gagner du temps
Il semble bien que le conseil municipal cherche à gagner du temps en attendant qu’un promoteur privé se présente avec son propre concept. C’est la rumeur la plus plausible qui circule en ville alors que de plus en plus de conseillers, Serge Gaudreault et Marc Bouchard pour ne nommer que ceux-là, s’affichent contre l’idée de construire les 1000 unités de logements promis par la mairesse, Julie Dufour, au cours de sa campagne électorale.
L’offre de services prend fin le 30 septembre. Si d’ici là personne ne dépose de soumission, on devra de nouveau réviser les plans pour développer et densifier le centre-ville de l’arrondissement de Chicoutimi. Il commence à se faire tard et il semble que l’on compte sur le détachement des contribuables à l’égard de leur zone ferroviaire pour remettre le projet entre les mains du privé. Ce ne serait pas nécessairement une mauvaise idée.
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