Il n’y a pas que des projets ‘’tout cuits dans le bec’’ qui tombent entre deux chaises à Saguenay, mais il semble bien que la solidarité au sein du conseil y soit passée aussi. La métaphore avancée par le conseiller, Michel Potvin, vaut aussi pour l’unité autour de la table du conseil.
Comme tous les autres conseillers de la ville de Saguenay, le grand argentier s’est montré fort surpris, la semaine dernière, quand il a appris que la Fondation Luc Maurice offrait l’opportunité, aux dix grandes villes du Québec, de bâtir à ses frais des logements à prix abordable pour les personnes retraitées. La fondation offrait 23 M$ à la ville de Saguenay, moyennant que celle-ci, dans un délai de quelques semaines, lui trouve un terrain pour cette nouvelle bâtisse de 100 logements. En contrepartie, la ville donnait des congés de taxe et la fondation allongeait même un autre 500 000$ pour les dépassements de coûts de cet édifice qui aurait été pris en charge par l’OMH du Saguenay.
Quelle transparence?
Personne autour de la table du conseil n’a été informé de cette généreuse donation, rejetée par Saguenay. À court d’explication, le conseiller Potvin a répondu que le dossier a probablement tombé entre deux chaises.
Jean-Marc Crevier, le conseiller représentant la ville au sein du CA de l’OMH, n’en revenait pas qu’aucun conseiller n’ait reçu d’information à propos de cette offre. Quelques jours après que Le Quotidien eut rendu publique la nouvelle, voici que la mairesse, Julie Dufour, commente cet accroc à la transparence: la machine administrative ne disposait pas d’un délai suffisant pour trouver un terrain adéquat.
On trouve pour l’OMH
Pourtant, dans un autre épineux dossier, qui a suscité lui aussi la division au sein du conseil, la mairesse s’est montrée fort convaincante pour expliquer la rapidité avec laquelle elle a agi pour localiser les 24 logements qu’un programme gouvernemental accorde à l’OMH. On avait que quelques jours, plaide-t-elle, il fallait que la résolution passe aujourd’hui. Les 24 logements, que les conseillers de l’arrondissement de Chicoutimi croyaient voir construire dans leur secteur, seront érigés dans l’arrondissement de La Baie. Ça peut se justifier.
Mais pourquoi la mairesse, qui demande aux élus de réfléchir en fonction d’une grande ville, rejette un projet de 100 logements de 23 M$ offert gratuitement? Une opportunité qu’on aurait pu saisir pour vitaliser le terrain de la zone ferroviaire décontaminé au coût de 9 M$. Un projet qui coûte peu à la municipalité et qui aurait pu constituer un embryon à la vision du grand centre-ville projetée d’ici 15 ans.
Un PTI incohérent
Et comme si ce n’était pas suffisant, on ajoute à l’ordre du jour la divulgation du Plan triennal d’investissement, celui qu’on présente habituellement à l’automne. Rien pour calmer l’ampleur de la dissension autour de la table du conseil. Non seulement les projets choisis ne font pas l’unanimité, mais ils ne s’accompagnent d’aucun plan de réalisation. Certains conseillers y voient de l’incohérence, d’autres une démarche électoraliste. Moi j’y vois que l’esprit de la grande ville qu’on cherche à obtenir est tombé lui aussi quelque part entre deux chaises.
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