Si, comme moi, vous êtes excédés de voir passer de gros autobus vides qui crachent leur pollution et grugent nos rues à moitié défoncées par les changements climatiques, on peut se demander si ce gaspillage de fonds publics connaîtra une fin un jour. En attendant, pourrait-on au moins s’inspirer de l’expérience des autres municipalités pour optimiser l’efficacité de ce service.
Puisque notre société applique le principe de l’accessibilité du transport pour tous, pourquoi ne pas l’appliquer littéralement. Tant qu’à avoir des autobus vides, rendons les déplacements gratuits pour les 65 ans et plus, comme à Montréal.
On ferait d’une pierre, deux coups : permettre aux plus démunis de sortir davantage, de diversifier leurs contacts et de profiter de tous les services de la ville. De plus, cet élan vers l’écomobilité rendrait ces monstres métalliques plus acceptables pour toute la population.
L’exemple de Montréal
La ville de Montréal offre, depuis l’an dernier, cette gratuité du transport en commun pour les citoyens montréalais, âgés de 65 ans et plus, pour les déplacements dans la ville. Au cours des six mois qui ont suivi la gratuité, les déplacements en transport en commun ont augmenté de 15% à 20% chez les 65 ans et plus, citoyens de Montréal.
Dans un document de planification budgétaire pour 2025, la ville rapporte que 47% des résidents admissibles s’étaient inscrits au programme à la fin de 2023. On peut aussi lire que cette mesure a donc permis à la fois des économies (administratives sans doute) et une mobilité accrue pour les personnes de 65 ans et plus.
Coût et avantages
Le transport en commun à Saguenay coûte cher, toute proportion gardée, plus cher que chez toutes les grandes villes du Québec. La sur-dimension de notre ville, deux fois et demie l’île de Montréal, le petit nombre d’usagers et la multitude de côtes propres à notre métropole régionale constituent des défis de taille pour les administrateurs de la STS.
La ville consacre un montant annuel à ce service et la province y participe aussi. Mais la ministre Guilbeault a livré sa pensée là-dessus: « Le transport en commun n’est pas la mission de l’État ». Le transport en commun des villes se finance aussi par les contributions de ses contribuables sur la taxe d’essence et sur les permis de conduire. Mais, çà ne semble jamais assez.
Failles du système
Voici qu’une étude s’appuyant sur les données de 23 sociétés de transport canadienne apportent un éclairage sur l’inefficacité opérationnelle des organisations comme la STS. L’espace budgétaire consacré aux charges administratives par les sociétés québécoises de transport en commun est beaucoup plus grand que celles des autres provinces. Les auteurs de cette étude du Centre sur la productivité et la prospérité déplorent qu’une part disproportionnée du budget de nos sociétés soit consacrée à des activités qui ne servent pas l’offre de transport.
Bref, comme pour l’administration municipale, la plus grande partie de l’argent des citoyens va pour l’administration de la ville plutôt que pour les services. Mais çà, les citoyens le savent déjà.
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