À Saguenay, faute de chambre où loger, des étudiants dorment dans leur auto en attendant mieux. Pas qu’ils n’ont pas les moyens financiers, mais c’est qu’il n’y a aucun logement de disponible notamment dans l’arrondissement de Chicoutimi qui compte une université et un cégep.
Une nouvelle réalité, une conséquence inattendue de la nouvelle politique du gouvernement Legault applicable pour la rentrée 2023. Le ministère de l’Éducation offre désormais, à la clientèle internationale des cégeps et universités hors région métropolitaine de Montréal, une réduction considérable des coûts d’inscription.
Hausse des inscriptions
Pour les étudiants étrangers de niveau universitaire, les frais de 24 000$ passent à 3 000$ pour une année scolaire. Cette réduction de près de 21 000$ est compensée par le gouvernement québécois qui a réservé 80 M$ pour ce programme. Il en va de même pour les étudiants des cégeps qui sont exonérés des frais d’inscription tout comme les Québécois. On comprend pourquoi on va dépasser tous les records cette année.
En plus de cette impressionnante baisse de coûts pour les étudiants admissibles, Québec leur octroie le droit de travailler 20 heures par semaine. Le ministre provincial de l’Immigration, Jean Boulet, met de l’avant cette stratégie afin de favoriser une augmentation du nombre d’immigrants dans les régions périphériques.
Pénurie de main-d’œuvre
Cette décision gouvernementale vise aussi indirectement à combler une pénurie de main-d’œuvre dans les régions où on reconnaît que les immigrants restent plus difficiles à retenir. Or, on souhaite qu’une fois leur diplôme acquis, ils s’installent pour vivre en région.
Cependant cette solution entraîne de sérieux problèmes d’hébergement sur les territoires concernés. Dans certaines régions, comme la nôtre, où il y a pénurie de logements abordables, les institutions doivent rivaliser d’imagination pour répondre à la demande.
Par exemple, le cégep d’Alma a conclu une entente avec le séminaire de Métabetchouan pour y loger des étudiants étrangers. À Granby, un promoteur immobilier a acquis un presbytère pour y loger ces nouveaux étudiants.
Importante clientèle pour l’UQAC
Pour l’Université du Québec à Chicoutimi, la clientèle internationale représente près du tiers de tous les étudiants de l’institution. Cette année, une fois tous les étudiants inscrits, on pourrait dépasser les 2 000 nouveaux inscrits.
Les cégeps et universités régionales qui ne croulent pas sous l’argent, ne peuvent se permettre de bouder cette clientèle fort payante. À l’occasion du dernier budget provincial, les cégeps avaient demandé 100 millions$ au gouvernement pour bâtir des logements supplémentaires d’étudiants. Ils ont obtenu 27,8 millions$.
Avant que ces nouvelles constructions se réalisent, il faudra tout de même trouver des solutions temporaires. Au Saguenay, le nombre d’institutions religieuses vidées de leurs propriétaires ne cesse de croître. On pourrait toujours regarder de ce côté plutôt que d’attendre encore une fois le secours de l’État providence.
L’idée de suppléer à la pénurie de main-d’œuvre en incitant une clientèle offrant un potentiel de formation adéquat représente une solution valable, soit, mais il faudrait s’assurer qu’on ne forme pas des itinérants. Et le temps presse parce que dormir dans son auto en septembre n’augure rien de rassurant.
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