Les citoyens de Saguenay devront-ils faire leur deuil des services offerts par la marina de Shipshaw? La mise en vente de ce magnifique bâtiment jouxtant la partie nord-ouest de la rivière Saguenay ne semble pas rencontrer les objectifs des élus de Saguenay.
Le conseiller municipal du secteur, Claude Bouchard, expliquait à l’occasion du second appel d’offres (initié par la ville de Saguenay en janvier dernier) que sa priorité était de conserver tous les services. Or, si le premier appel d’intérêt contenait une obligation pour le nouveau propriétaire de maintenir les services pour cinq ans, cette clause a changé de volume dans l’appel d’offres de janvier. Le soumissionnaire n’a plus l’obligation de donner ses services pour cette durée.
Débarcadère
Des trois propositions reçues par la ville de Saguenay, seule celle de l’agent immobilier Jean-François Potvin a été retenue. Son offre comprend les services de restauration et de B&B et la ville garde un droit de passage afin d’offrir l’accès au débarcadère pour les propriétaires d’embarcations.
Mais lorsqu’on jette un coup d’œil au dernier procès-verbal du comité consultatif d’urbanisme, on se rend compte que le nouveau propriétaire pourra élargir l’usage. On y ajoute des droits de camping caravaning, de location de chalet et d’activités connexes. On comprend que ce n’est qu’à ce prix qu’un acquéreur pouvait se montrer intéressé.
Appel d’offre rebutant
Les soumissionnaires ne se sont pas précipités pour répondre au premier appel d’offres. Non seulement on demandait 450 000$ pour la bâtisse principale abandonnée depuis quatre ans, mais on exigeait de l’acquéreur qu’il offre tous les services que la ville fournissait. On précisait en outre qu’il lui faut prendre à son compte la desserte qui traverse la rivière avec les cyclistes pour joindre les pistes cyclables de l’arrondissement de Jonquière. En plus, on lui demande d’offrir les services de la station d’essence pour les bateaux, l’entretien des quais, la restauration et les accès quatre saisons. Aucun homme d’affaires avisé ne pouvait déceler dans ces devis de fonctionnaires une quelconque lueur de rentabilité.
Vocation détournée
L’homme d’affaires Serge Godin, fondateur de CGI, avait vendu en 2008 le luxueux chalet à la ville (sous l’administration Jean Tremblay) pour la somme symbolique de 250 000 $. Un montant que le pdg de CGI a remis au Patro de Jonquière.
Le vaste domaine, évalué à 750 000 $, la ville s’en défait pour un peu plus de 300 000 $, sans garantie que les citoyens obtiennent tous les services en retour. D’ailleurs, un autre appel d’offres vient d’être lancé pour trouver un soumissionnaire pour prendre en charge la traverse des cyclistes.
Un pis-aller
Reste à souhaiter que cette nouvelle prise de contrôle ne jettra pas un pavé dans ce milieu récréotouristique qu’on n’a jamais su développer à son plein potentiel. C’est clair qu’on mise sur le dynamisme du nouveau propriétaire pour valoriser ce milieu que le cyclotourisme a adopté mais où les adeptes du deux roues ne font que passer.
Saguenay veut se débarrasser d’une patate chaude. Ni la Société d’aménagement de la rivière-aux-Sables, ni la Zone portuaire, ni le Centre multiservices de Shipshaw, ni le Camping Jonquière ne sont parvenus à optimiser les activités touristiques de ce site.
Pour rentabiliser son acquisition, l’acquéreur n’aura guère d’autres choix que de transformer ce site afin d’accueillir des chalets pour la location ou la revente. Malgré tout, la ville de Saguenay devra continuer de contribuer aux efforts de rétention des visiteurs et offrir des services de base (l’essence, les quais) comme pour les autres sites touristiques. Sans compter que la viabilité à long terme de l’opération passe par de l’activité quatre saisons et qu’il faudra aménager des infrastructures à cette fin. Vaste programme qui semble sous-évalué par nos administrateurs municipaux.
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