
La demande de recomptage des votes pour la mairie de Saguenay, mise de l’avant par la candidate et ex-ministre de la CAQ, Andrée Laforest, se fait entendre ce mercredi au palais de justice de Chicoutimi. L’avocat de Mme Laforest, Me Serge R. Simard, a commencé les témoignages en matinée avec sa propre cliente.
Selon Mme Laforest, les graines du cafouillage vécu lors de l’élection ont été semées le 6 octobre dernier, alors qu’une rencontre avec les candidats à la mairie et les représentants d’Élections Saguenay avait lieu. Lors de cette soirée d’informations, plusieurs candidats auraient posé des questions sur l’élection, notamment sur les bureaux de votes itinérants, qui se déplacent parmi les résidences pour aînés (RPA) afin de permettre à tous d’exercer leur droit démocratique.
Me Simard l’a par la suite questionnée sur la soirée du 2 novembre dernier, chaotique selon l’ex-ministre. Lorsqu’il fut le temps du contre-interrogatoire, un des avocats de Luc Boivin, Me Jean-Sébastien Bergeron, a demandé à Mme Laforest d’expliquer l’ajout d’une deuxième journée de votes par anticipation et de préciser en quoi l’ajout d’une journée de votes a empêché le processus démocratique de se faire. Selon la candidate, l’ajout d’une seconde journée n’était qu’une manière de cacher la mauvaise gestion de la première journée, une tentative « d’éteindre le feu ».
Jean-Denis Allard enchaîne
Après la présence d’Andrée Laforest à la barre, Me Simard a convoqué Jean-Denis Allard, le mari de Mme Laforest, à venir témoigner. Son mari, jouant aussi le rôle de directeur de campagne et d’agent officiel, a quant à lui raconté plus en profondeur la soirée des événements. En tant qu’agent officiel, ses rôles lors de la soirée du 2 novembre étaient d’être en contact avec Élections Saguenay et d’offrir un document pour que les observateurs (travailleurs souvent bénévoles) puissent être présents lors du comptag : le SN-44.
Toutefois, lors de la soirée, plusieurs observateurs de Mme Laforest se sont fait montrer la porte par les représentants de l’élection présents dans les bureaux de votes, notamment à cause d’une non-conformité du document. Pour ce qui est des résultats, Jean-Denis Allard précise que le début de la soirée a commencé rapidement, avec une Andrée Laforest forte dans les voix. Par la suite, les résultats étaient saccadés, alors que des périodes de 15 à 30 minutes pouvaient passer avant de recevoir des résultats.
Vers 1h30 du matin, il contacta par courriel la directrice d’Élections Saguenay, Annie Jean, pour savoir ce qui se passait et c’est dans les environs de 1h50 que les journalistes présents ont reçu un appel de la directrice des communications, disant que le comptage était annulé pour le reste de la soirée, que le vote allait reprendre le lendemain et que 4 000 votes manquaient à l’appel. C’est à son réveil vers 6h qu’il a appris la victoire de M. Boivin, alors que personne ne l’a averti que le comptage reprenait. C’est lorsque M. Allard a demandé des réponses à la directrice d’Élection Saguenay, et qu’elle lui a dit de regarder les résultats sur le site des élections et de prendre un avocat.
Lors du contre-interrogatoire de M. Allard, Me Bergeron a fait valoir que le taux de participation de cette élection était très haut, en comparaison des dernières années (56%), ce qui n’aurait pas pu avoir lieu si les problèmes, notamment de gestion, qui ont mené selon les dires de M. Allard à un exode des électeurs des bureaux sans même voter, avaient eu lieu. Par ailleurs, Me Jean-Sébastien Bergeron a fait part d’affidavits qui contrediraient la version de M. Allard, alors que dans ceux-ci, on peut voir que le comptage s’est conclu vers minuit et que les 4 000 votes perdus n’auraient jamais été réellement égarés.
Un témoin...qui ne témoigne pas
Outre la candidate Laforest et son époux, , c’est le cas de la témoin sous affidavit qui a retenu l’attention en matinée lors de l'audience. Selon l’avocat de la plaignante, Serge R. Simard, la témoin (surnommée "Madame X") aurait des intérêts personnels en lien avec la situation actuelle et risquerait de recevoir des menaces de mort pour elle et son entourage si son identité était connue, d'où la demande d'obtenir un huis clos pour taire son identité. Une demande qui a été rapidement questionnée par le juge de cette affaire, l’honorable Jean Hudon. Ce dernier a rappelé qu’aucun des candidats n'est en prison, mettant l’accent sur la liberté d’expression de chacun, notamment de la témoin. Le juge a aussi mentionné que la question initiale était: est-ce qu’il faut faire un recomptage, ou la défense de "Madame X"? C’est notamment dû à ces questionnements que l’honorable Jean Hudon a décidé de refuser la demande de huis clos de Me Simard, quand à la préservation de l'identité de "Madame X". Me Serge R. Simard a finalement décidé de ne pas la présenter à la Cour du Québec en tant que témoin.
Les témoignages se poursuivent en après-midi, et il est à prévoir que le tout se termine seulement en début de soirée.
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