
Depuis la pandémie de 2020, le Saguenay-Lac-Saint-Jean fait face à une rareté inquiétante de notaires, une profession pourtant essentielle au bon fonctionnement du système juridique et immobilier. Ce manque criant de main-d’œuvre, combiné à une demande croissante de services juridiques, place les notaires encore en exercice sous une pression constante.
Entre départs à la retraite toujours vacants, désintérêt chez la relève et la lourdeur administrative, plusieurs facteurs contribuent à cette « disparition » progressive de la profession dans la région, comme en témoigne Lisianne Minier de chez Gagnon, Minier, notaires de l’arrondissement de La Baie.
« C’est clair que oui, il y a beaucoup moins de notaires qu’avant. Les professionnels de la nouvelle génération veulent plus de qualité de vie. À titre d’exemple, je suis rendu à un certain âge et je travaille encore énormément. Il y a beaucoup de responsabilités liées à ce métier, parce que nous, les notaires, avons une obligation de résultats. On a un devoir de conseil, même si on commet une erreur de bonne foi, on en est responsable. J’ai même entendu dire que les jeunes finissaient leurs études en notariat et décidaient de ne pas se lancer sur le marché du travail en raison des responsabilités », émet Mme Minier. Elle dénote qu’à son embauche en 2005, ils étaient près de 12 notaires à exercer leur fonction au sein du cabinet baieriverain. Désormais, ils ne sont que deux.
D’autres éléments font en sorte que les notaires en poste ne sont pas en mesure de servir adéquatement chaque client.
« Les boomers ont aussi plusieurs demandes pour ce qui est des testaments, des mandats de protection. Dans le temps de la pandémie, c’étaient les hypothèques, les chalets, les ventes de maisons, dans le plafond. Dans Charlevoix et les Laurentides, ça ne fournissait plus. Maintenant, on est rendu à septembre dans nos rendez-vous, les gens sont découragés. Et ce qui fait que les dossiers s’empilent, c’est que les gens étaient habitués qu’on gère leurs achats par courriel, qu’on signe le tout deux jours plus tard, et si ce n’était pas fait, ils changeaient tout simplement de notaires. On était beaucoup tenus pour acquis », estime-t-elle.
Rappelons qu’il y a environ 4000 notaires au Québec, dont 113 au Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Différents champs de pratique notariale
Mme Minier précise que l’achat de propriété n’est pas la seule tâche d’un notaire. Elle désire mieux informer la population des différents champs de pratique notariale, qui peuvent souvent être oubliés.
« On s’occupe des mariages, des successions, les testaments, des contrats de société entre associés. On effectue des procédures non contentieuses, l’homologation des mandats d’inaptitudes. On a la même formation qu’un avocat. »
Et pour les futurs propriétaires qui souhaitent procéder maintenant avec l’achat d’une demeure, Lisianne Minier conseille avant tout de se renseigner auprès d’un notaire.
« Avant de mettre une date, il serait judicieux de consulter un notaire. C’est vraiment du jamais vu ce que l’on vit présentement, les gens devront apprendre à être patient et à planifier d’avance leur dossier », souligne-t-elle.
(418) 546-2525
ckaj@ckaj.org