Commentaire de Richard Banford

Il ne vous reste que quelques jours pour vous rendre sur le Mont Jacob, rencontrer Don Juan, l’émule de Casanova, invité à Jonquière par la troupe de l’Opéra du Royaume. Pour le prix d’une bonne bouteille de vin, vous serez trempés dans l’atmosphère au jardin des délices lyriques du 19^e siècle. Une série de folles soirées épicuriennes et de drame inattendu.

On est loin de l’Opérette du Carnaval, basse solide de l’Opéra du Royaume qui s’est donné comme devoir de mémoire de garder vivante chez nous cette forme d’art lyrique théâtrale qui ouvre la voie aux talents locaux et contribue à nourrir nos sens et ouvrir l’esprit.

Don Giovani (Don Juan) de Mozart, une histoire musicale tirée de l’esprit du librettiste, Lorenzo de Ponte, qui, au contact de Casanova lui-même, a créé ce don Juan, que le génial duo de John La Bouchardière et Véronique Gauthier ont adapté à la moderne pour l’Opéra du Royaume, en français SVP. Les férus d’opéra savent que cette pièce maîtresse de Wolfgang Amadeus Mozart a connu du succès partout à travers le monde pour son côté à la fois comique et dramatique, mais surtout par le génie musical de Mozart qui s’y manifeste par des voix de professionnels tels Carole-Anne Roussel (Donna Anna, soprano), de Dominique Côté, un Don Juan (baryton) baveux à souhait, qui serait sûrement en prison, de nos jours, où l’agression physique est condamnée sous toutes ses formes.

Mais, le côté comique, porté par Matthew Li, une basse qu’on ne fatigue pas d’entendre, nous garde sur le qui-vive jusqu’à la fin de cette descente en enfer de son maître, Don Juan.  Puis, Angello Moretti (ténor) dans la peau de Don Ottavio, qui a l’honneur de nous interpréter le plus célèbre aria de Mozart, ‘’Il moi tesoro intanto’’ mon trésor suprême, qu’on reconnaît comme l’épreuve suprême du chant classique.

De fait, tous personnages principaux possèdent des voix étonnantes de beauté et les effets de scènes des membres du chœur illuminent cette fresque ludique parfois obscure et qui nous entraîne dans un univers moral qui nous rappelle les croyances religieuses.

En somme, ce chœur qui a pris tellement de maturité, depuis l’époque de l’Opérette,  a fait de ses participants bénévoles, une véritable troupe professionnelle.

Rien que pour encourager la ténacité de ceux qui, comme la directrice, Marie-Ève Munger et le président, Jean Grimard, tiennent cet organisme à bout de bras, la cause vaut le déplacement. Mais tous ceux qui ont la chance d’y être en garderont un souvenir indélébile.