Si 100 ans est assurément un âge vénérable, s’y rendre avec une bonne santé comme celle d’Émilie Gobeil, cela relève de l’exploit. Et c’est un privilège. Le secret de sa longévité: prendre la vie avec optimisme et éviter les excès.
Émilie soufflait les bougies de son 100e anniversaire la semaine dernière et elle l’a fait avec assurance, fermeté et sans hésitation, illustrant ainsi toute sa vigueur. « J’avais et j’ai toujours eu une bonne santé. Pour le reste, ce n’est pas moi qui conduit ça », affirme modestement l’Almatoise en jetant un regard vers le ciel.
Elle reconnaît toutefois avoir mené une vie raisonnable, sans abus et avoir aborder la vie avec optimisme. Des traits de caractère qui, en plus de la providence, ont sans doute contribuer à sa longévité, pense-t-elle. Qui plus est, Émilie Gobeil n’a jamais été de ceux qui restent assis. Elle dit avoir fait de l’activité physique sa vie durant. « Une marche le matin et une autre l’après-midi », pour être plus précis.
« Mais ça, c’était quand j’étais plus jeune. Maintenant, je dois me limiter à une marche une marche par jour », résume celle qui n’est pas peu fière de mentionner qu’elle a remporté un trophée de pétanque il y a quelques temps. « Et ses marches, elle les prenait pas mal vite! », précise l’un de ses fils, Roméo Villeneuve.
Des méninges en pleine forme
Ce dernier ajoute que sa mère a toujours su rester active mentalement aussi. « Elle a travaillé son intellect toute sa vie, surtout en lisant, c’est une femme qui a beaucoup lu. Encore aujourd’hui, elle lit et elle écrit pour maintenir son intellect. » Roméo Villeneuve ajoute que sa mère « a toujours regardé le bon côté des choses. Les petits problèmes, les petits bobos qu’elle pouvait avoir, c’est sûr qu’elle s’arrangeait pour les régler, mais toujours avec une attitude positive et constructive. »
Une vie heureuse, mais éprouvante
L’optimisme d’Émilie Gobeil a toutefois été mis à l’épreuvre. Divorcée à une époque où ce n’était pas la coutume, elle et ses cinq enfants ont dû se serrer la ceinture durant plusieurs années. Roméo Villeneuve s’en souvient. « À cette époque-là [au moment du divorce], il n’y avait pas encore d’aide sociale. Pendant plusieurs années, notre seule source de revenus, ça a été les sous de la quête que les policiers passaient. »
Mais malgré les années de vache maigre, Émilie Gobeil n’a jamais envisagé de céder la garde de ses cinq enfants. « Je les ai élevés toute seule et dans la misère », confie Émilie, la tête haute. Et elle peut effectivement être fière, elle qui a mis au monde cinq enfants qui s’en sont brillamment sorti en définitive.
« Ils auraient pu prendre le mauvais bord, mais non, j’ai cinq beaux et bons enfants. Ils étaient mon espoir et aujourd’hui, ils sont ma plus grande fierté. » Émilie Gobeil en était d’ailleurs entourée, de ses enfants, au moment de son anniversaire, célébré au presbytère de l’église Saint-Joseph d’Alma en compagnie de membres de la fabrique.
Regard sur la vie
Parfois en bien, parfois en mal, du haut de ses 100 ans, Émilie Gobeil a été témoin de nombreux changements. Chose certaine, plus le temps passe, plus le monde qui l’entoure lui semble étranger. Elle ne peut qu’être nostalgique lorsqu’elle pense au passé et elle déroge de son optimisme habituel lorsqu’elle regarde le présent.
« Aujourd’hui, je trouve qu’il y a beaucoup de violence. Ça se tue dans les rues, tu peux aller dehors et te faire sacrer une volée. Il faut faire avec, mais c’est épeurant et je trouve ça triste », confie-t-elle, espérant que le vent « retourne du bon bord » bientôt.
(418) 546-2525
ckaj@ckaj.org