Après un peu plus de six mois de son nouveau mandat, l’Équipe du renouveau Démocratique (ERD) – par la voix de son conseiller municipal Marc Bouchard - sort de sa torpeur pour exiger de madame la mairesse Julie Dufour qu’elle réagisse au non-respect des engagements de Rio Tinto, non-respect dénoncé par d’ex-cadres de l’entreprise.
Bien installée dans sa chaise de mairesse, Julie Dufour semble mettre tous ses efforts à ce que rien ne transpire des discussions en cours avec les conseillers, et se garde de nous informer du contenu de ses rencontres, quand il y en a, avec les représentants politiques des autres niveaux de gouvernements.
Malgré son statut d’entreprise privée, Rio Tinto doit rendre des comptes au gouvernement du Québec quant au respect des ententes relatives à l’utilisation des ressources naturelles qui lui confèrent un avantage concurrentiel. Et si personne dans la région n’insiste pour veiller à l’application de ces engagements, le suivi de ces signatures rendues publiques à grand renfort de publicité tombent dans l’angle mort de l’information.
Porte-paroles crédibles
C’est ce que sont venus expliquer deux ex-cadres de la société devenue Rio Tinto au début de la semaine. Une visite pour le moins surprenante de la part des porte-paroles d’un groupe de citoyens retraités d’Alcan-Rio Tinto, en l’occurrence Jacques Dubuc et Myriam Potvin.
Les deux connaissent bien le dossier. Jacques Dubuc, un ex-journaliste du Quotidien, fils de la région descendant en ligne directe d’un des bâtisseurs de la région, J.E.A Dubuc, fondateur de la Pulperie, du Progrès du Saguenay, maire et député, de même que Myriam Potvin, longtemps associée au service des communications d’Alcan, ont signé une lettre ouverte dans le Quotidien, en plus de préciser les détails de leur démarche à la radio et notamment de long et en large aux émissions « Réveillez-vous » et « Le Retour du 92,5 ».
Coïncidence ou habile stratégie
Déjà que Donat Pearson, président du syndicat national des employés de Rio Tinto venait de lancer une campagne d’information sur le même sujet, l’intervention des employés cadres à la retraite est venue ajouter de la crédibilité à cette mise en garde des représentants syndiqués. Et comme rien n’arrive seul, la sortie de ces cadres retraités survient juste après que des rumeurs de plus en plus persistantes faisaient valoir que Rio Tinto irait de l’avant pour ajouter 80 nouvelles cuves AP60 aux 16 autres déjà annoncées.
Difficile à conclure à une coïncidence quand, à la radio, Jacques Dubuc confirme que ces 80 nouvelles unités ne peuvent remplacer la troisième usine que l’entente du renouvellement du bail de la Péribonka de 1984 stipule. On y prévoyait la construction de trois nouvelles usines. Alcan/Rio Tinto ont construit Laterrière et Alma, mais des 272 nouvelles cuves AP 60 promises en 2006, il en manque 234, ce qui représente 1,1 milliard en dollars de 2006.
Milieu inquiet
Dans le milieu des affaires comme celui des syndicats, on s’inquiète pour le nombre d’emplois et les niveaux d’investissements à venir parce qu’avec le virage vert entrepris par la compagnie, Rio Tinto va récupérer pas moins de 400MW avec la fermeture prévue du centre d’électrolyse ouest de l’usine Arvida en 2025. Des mégawatts qu’on pourrait vendre à Hydro plutôt que de s’en servir pour produire de l’aluminium.
On peut se réjouir que l’opposition (ERD) joue enfin son rôle pour mettre la pression sur l’autorité de la plus grande ville de la région afin qu’elle agisse, pour que le gouvernement s’assure du respect des ententes avec le plus gros employeur de la région. Pour reprendre l’analogie de Jacques Dubuc, il faut "freiner le déséquilibre entre moderniser et utiliser toute l’énergie à produire de l’aluminium".
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