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La récupération du malheur journalistique

Richard Banford
26 novembre, 2023

J’ai eu l’opportunité de travailler des deux côtés de la lorgnette médiatique. Comme journaliste-éditorialiste d’abord, puis comme chef de cabinet à la mairie de Saguenay ensuite.

Quand j’assiste au débordement spontané d’affection des politiciens à l’égard des journalistes, j’affiche un certain scepticisme.

Il y a sûrement une part de sincérité dans l’empathie qu’éprouvent les élus à l’égard du traitement réservé aux collègues journalistes, mais je doute qu’elle soit à ce point élevée comme on essaie de nous le laisser croire.

D’autre part, pour avoir œuvré du côté de la surface cachée de la politique, je peux avancer que certains personnages, de ce milieu, tendent à se réjouir du malheur de ceux qu’on qualifie de gardiens de la démocratie.

Certains voient les journalistes comme un mal nécessaire. D’autres aussi confondent les médias avec des courroies de transmission de communiqués. Quoiqu’il en soit, les rapprochements entre journalistes et politiciens n’ont jamais garanti l’objectivité. En principe, du point de vue journalistique, il s’agit des contraires qui s’attirent, mais qui ne peuvent se passer les uns des autres.

Déclin prévisible

Ce n’est pourtant pas la première fois que des signes tangibles de la disparition des médias, journaux d’abord et radio-télé ensuite, apparaissent. Mais des coupures de 547 artisans à TVA frappent davantage l’imagination et font une plus large manchette.

Déjà, en 2015, quand les Desmarais décident de se départir de six de leurs sept journaux au groupe Capital Média, dont le Quotidien et le très lucratif Progrès-Dimanche, plus personne ne doutait qu’on s’approchait de la fin. Parce que Capitals Média avait hérité du lourd déficit du fonds de retraite de Gesca. Et l’ex-ministre fédéral, Martin Cauchon, n’a jamais trouvé la solution pour renflouer le déficit actuariel de 60 M$ de la caisse de retraite des employés. Devant la perspective de l’abandon complète des journaux du groupe Capitals Médias acquis par Cauchon, les employés ont décidé de former une coopérative pour poursuivre les activités avec ce modèle d’affaires qui tente de survivre à la compétition des GAFAM et META avec du personnel réduit. Plus tard, la décision des géants du web d’interdire l’accès à leur réseau a aussi touché les emplois chez les stations de radio et même la radio d’état qui vient d’annoncer des coupures de 100 M$ pour l’ensemble du pays.

Besoin d’aide

Cette prise de conscience provoquée par le sort des employés de TVA fait déjà réagir. Ainsi, la ministre fédérale du Patrimoine, Pascale St-Onge, a convaincu la ministre des Finances Chrystia Freeland de prévoir une hausse du crédit d’impôt sur la masse salariale des salles de rédaction. Hausse qui vise à égaler celui déjà accordé par Québec.

Mais, ce ne sera pas suffisant pour continuer de fournir aux régions l’information locale et régionale, la fenêtre sur le jardin qui permet, entre autres, aux organismes sociaux économiques de prendre leur place dans le milieu. On ne peut guère compter non plus sur d’éventuels bénéfices de l’application de la loi C-18 pour garantir l’avenir de nos médias régionaux. Parce que Meta et Google peuvent s’entêter à bloquer le partage du contenu journalistique aussi longtemps qu’ils le voudront.

Il faut que les gouvernements trouvent d’autres moyens d’intervenir sans porter ombrage à l’indépendance des médias.  Par exemple, en privilégiant les journaux locaux et régionaux pour diffuser leurs informations et avis publics plutôt que les réseaux sociaux. Alors seulement, l’argent des contribuables servira à conserver l’identité et la vigueur de chaque communauté, de ses institutions, du milieu culturel et de ses entreprises.

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